mardi 27 juillet 2010

PARLANT DE POUBELLES...


L'automne dernier, une amie faisait baptiser son premier enfant nouveau-né dans une église de Ste-Foy à Québec. Je ne savais pas qui seraient le parrain et la marraine de la belle petite fille que les parents étaient tout heureux de faire entrer dans la grande famille des croyants. Mais dès que j'ai vu le parrain, je l'ai reconnu tout de suite. Il s'agit d'un comédien-acteur de Montréal qui s'est fait plutôt rare ces derniers temps, au petit comme au grand écran. Question de respecter la vie privée de mon amie et de ses proches, je n'identifierai pas cet acteur, ni sa conjointe, qui est la marraine de l'enfant. La cérémonie s'est bien déroulée et tout le monde était bien content. C'est en sortant de l'église qu'une surprise nous attendait. Soudain, sans prévenir, et sans raison (peut-être était-ce l'air de Québec qui était en cause), notre parrain pique une crise de...vedette ! Il y va d'un sermon caustique (pas un sermon de messe, croyez-moi !), d'une diatribe endiablée contre la "radio-poubelle" de Québec et ceux qui l'écoutent.

Hein ?! Silence, gêne et malaise dans l'assistance. Nous n'en croyons pas nos oreilles ! Qu'est-ce qui lui prend de "jouer" cette note discordante au moment où le climat est aux réjouissances et que nous venons de nous recueillir solennellement dans le Temple de Dieu ? Est-ce que ce débordement d'humeur est dû à l'odeur de l'encens ou au contact avec l'eau bénite ? Notre artiste a-t-il mal digéré ou a-t-il fumé du mauvais tabac ? Quoi qu'il en soit, le grand-père de la nouvelle baptisée n'a pas tardé à le ramener à l'ordre. Sur un ton mi-figue, mi-raisin, l'homme, d'une soixantaine d'années, a rappelé au parrain de sa petite-fille que nous nous trouvions en un lieu sacré et que ce n'était ni l'endroit ni le temps de parler contre "son prochain". Le fautif s'est fermé la boîte rapidement, mais vous auriez dû voir les yeux furieux de "sa Germaine". De vrais charbons ardents !

Plus tard, en repensant à cette scène burlesque, je me disais que cette histoire de radio-poubelle faisait désormais partie des bêtises que nous balancent les Mourialaids, avec celles bien connues de "gros village plate", de "consanguins débiles" et de "ville de fonctionnaires" ou de ronds-de-cuir. Pourtant, à entendre les pourfendeurs et les détracteurs de Québec qui habitent la planète Mourial, ils se fichent complètement des Québécois de la vieille capitale. Pour eux, les habitants de Québec ce sont de petites gens, ce sont des colons arriérés, renfermés et sans envergure qui ne pèsent pas lourd dans la destinée socio-économique de la province.

Si nous (je m'inclus là-dedans puisque je vis à Québec) sommes nuls et que nous ne les intéressons pas, pourquoi alors envahissent-ils massivement les lignes ouvertes ou les forums de discussion sur internet lorsqu'une controverse éclate au sujet de la ville de Québec ? Comme cela est d'ailleurs arrivé quand, durant les JO de Vancouver, l'animateur Stéphane Dupont (photo ci-dessus), de la station de radio CHOI FM à Québec (Radio X), a traité les patineurs artistiques de "tapettes" et de "fif" avant de décréter que Haïti était un "trou à marde" et qu'il ne donnerait pas une cenne noire pour aider ce pays dévasté par un tremblement de terre plus tôt cette année. Je soupçonne cependant que si les Mourialaids en veulent à Dupont et à sa supposée radio-poubelle c'est peut-être davantage parce que l'animateur ne se gêne pas pour affirmer souvent que "Montréal est un trou" et que plusieurs de ses commerçants sont des voleurs publics.

Mais cette opinion, de celui qui domine les cotes d'écoute le midi dans la région de la capitale nationale, il n'y a peut-être que la "clique du plateau Mont-Royal" qui la connaît vraiment, dans la métropauvre. Comme il n'y a pas grand monde à Québec qui écoute la radio plate et aseptisée de Mourial, il ne doit pas y avoir beaucoup de nombrilistes mourialaids qui sont branchés sur la prétendue radio-poubelle de Quebec city. De là mon étonnement en entendant le flot de critiques acerbes des résidents de la ville du maire Tremblay à l'endroit des pseudo-postes de radio-poubelle de la cité de Champlain. Comment critiquer légitimement quelque chose que l'on ne connaît guère ? À part les dociles stations de radio satellites qui sont des copies de celles de la maison mère de Montréal; à part les radios communautaires ou spécialisées qui ont peu d'auditeurs et qui ne cassent rien; il n'y a à Québec que le FM 93 (où les animateurs brassent un peu la cage des affaires publiques tout en ménageant la susceptibilité du maire Labeaume), et CHOI, qui font un peu de vagues et de polémique.

Stéphane Dupont ne s'en cache pas, il est devenu qui il est en travaillant à CKNU, en 2004, avec le "roi" de la radio d'opinion à Québec, André Arthur (photo à gauche). Celui-ci, qui est maintenant député fédéral (indépendant) de Portneuf (et qui prétend avoir été écarté de la radio de Québec par une intervention personnelle du maire de la ville, Régis Labeaume), a enseigné à son élève comment cultiver la controverse. Pour faire réagir le monde et se faire remarquer, il s'agit surtout de surprendre, de faire rire ou fâcher les gens en allant à contre-courant de l'opinion générale. Pour tenir cette position controversée, pour attiser l'attention des auditeurs et les convaincre, l'animateur (le meneur de claques) doit toutefois avoir des arguments solides. Ce que Dupont n'a pas toujours. Il avoue qu'il est là pour donner un show et qu'il n'est pas un journaliste (peut-être pour se défendre de futures poursuites judiciaires ?). Cette mission "d'entertainer" ne l'empêche pas de s'acquitter plus qu'honnêtement de ses autres tâches d'animateur : comme mener de bonnes entrevues et exceller dans la production et la lecture d'annonces publicitaires.

Dupont est contesté quand il blasphème en ondes ou lorsqu'il improvise un peu n'importe quoi en y allant d'attaques gratuites contre des individus. Son patron, Patrice Demers, l'a averti à maintes reprises de corriger ces mauvaises habitudes sinon il connaîtrait le même sort que son prédécesseur Jeff Fillion, -qui a été congédié après avoir perdu un procès très médiatisé contre Sophie Chiasson- (caricature en tête de ce billet). L'animateur rebelle ne s'est pas tellement conformé aux directives de Demers et ce dernier a récemment annoncé la résiliation de son contrat. Dupont n'est donc pas sûr de revenir à son poste au mois d'août, après ses vacances. S'il prend la porte, comme le réclame aussi ardemment la clique du plateau à Mourial, ça en sera peut-être fini de la radio-poubelle à Québec. Du reste, le CRTC, les patrons responsables et les juges des tribunaux sont là pour ça : freiner ou punir des personnes qui dépassent les bornes du civisme ou des lois.

C'est tout de même ironique que les gens de Mourial fassent tout un plat de la radio-poubelle de la vieille capitale alors que c'est plutôt leur ville malpropre qui est aux prises depuis longtemps avec des problèmes de poubelles, de vidanges et de dépotoirs... C'est bin pour dire hein ! Qu'ils se mêlent donc de leur poubelles à eux !