Ce printemps, tous les sans génie de la métropauvre et tous les évènements récents ont fait de Mourial le bidonville des CHaudrons. Il y a d'abord eu la débandade du CacanaCHien de MortYial, un club de CHaudrons qui a fait honte à tous ses fefans en terminant au dernier rang de sa Conférence (voir mon blog CH comme dans CHaudrons, http://chcommedanschaudrons.blogspot.com). Puis, à partir de la manifestation monstre du 22 mars, alors qu'une minorité d'étudiants ont envahi les rues de Port-au-Prince-Nord pour s'opposer à la hausse des frais de scolarité, les choses ont complètement dégénéré dans le merdier géant du maire Gérald Tremblay. Imaginez ! La situation de ce trou sordide et malodorant est déjà invivable en temps "normal" ! Ajoutez en plus le bruit insupportable des casseroles et des chaudrons, l'anarchie des extrémistes trop contents de régler de vieux comptes avec les flics, la rage des vandales et des casseurs gauchistes, l'esprit revanchard des syndicats qui n'ont pas digéré certaines lois récemment votées par la bande à Charest, l'incompétence des gouvernements provincial et municipal, et la brutalité policière, à ce mélange épouvantable de corruption, d'axes de circulation infernaux et de gangs de rues criminels, et vous avez un désastre chaotique total. Les touristes qui s'y sont récemment risqués, ou qui ont abouti par hasard dans ce "no man's land", auront des histoires d'horreur à raconter lorsqu'ils retourneront chez eux. La réputation de ce dépotoir à ciel ouvert n'était déjà pas rose... Pouah ! Ça sent mauvais pour la suite des choses...
Au départ, les marches de protestation étaient légitimes même si seulement un étudiant sur trois était en grève. La politique de hausse des frais de scolarité du gouvernement Charest est contestable. La propagande des libéraux a beau affirmer que les étudiants québécois sont ceux qui paient le moins cher pour les études supérieures au Canada, il est bon de rappeler que la gratuité scolaire existe dans plusieurs pays progressistes, surtout dans le nord de l'Europe. C'est un choix de société. Faut-il alourdir sans cesse le fardeau financier des étudiants, cette classe de citoyens qui fait partie des gens les plus démunies ? Notre société aime-t-elle mieux ses personnes âgées que ses jeunes ? Il y a quelques années, quand le gouvernement de Jean Chrétien avait voulu toucher aux pensions de vieillesse des aînés, ceux-ci étaient rapidement allées crier leur mécontentement sur la colline parlementaire à Ottawa. Le gouvernement fédéral avait vite cédé devant le pouvoir des "têtes grises". Peut-être parce que les gens de l'âge d'or votent plus massivement que les jeunes, dont moins de la moitié se déplacent pour se rendre aux urnes... Si les étudiants sont écoeurés du gouvernement Charest, ils n'ont qu'à se donner la peine de voter pour le chasser du pouvoir aux prochaines élections. D'autres partis politiques offrent des alternatives aux politiques qui déplaisent aux jeunes.
Le problème c'est que le mouvement étudiant a été infiltré et radicalisé par un paquet de groupes d'influence qui veulent aussi faire tomber Charest et son gouvernement corrompu. Les centrales syndicales soutiennent les étudiants pour se venger, entre autres, de la ministre du travail Lise Thériault, qui a mis fin à leur privilège en leur interdisant, par la force de la loi, le placement des employés dans le domaine de la construction. La violence s'est mise de la partie à cause des casseurs professionnels et des maladresses des policiers qui ont abusé de leur pouvoir en maltraitant autant les fauteurs de troubles que des manifestants pacifistes qui, eux, n'avaient rien fait de mal. Avec l'avènement de la désastreuse loi 78, qui donnait encore davantage les coudées franches aux forces de police pour rentrer dans le tas et mâter l'opposition dans la rue, ce conflit étudiant s'est transformé en crise sociale. Beau gâchis : personnes innocentes gazées ou poivrées, pluie de projectiles sur les forces de l'ordre, cocktails Molotov, extrémistes qui s'en donnent à coeur-joie, vitrines de banques et de commerces fracassées, voitures de police et équipements municipaux vandalisés... On se croirait dans une république de bananes ! C'est presque de la guérilla urbaine. Les chaudrons et les casseroles sont entrés dans la danse et une partie de la population non étudiante a accordé son support aux grévistes et aux manifestants. Les parents de ceux-ci les appuient car ils savent bien que ce sont eux qui devront défrayer l'augmentation des frais de scolarité si leurs enfants ne sont pas en mesure de le faire.
Cette relative tranquillité dans la vieille capitale, le maire Régis Labeaume veut la garder. Il craint que les prochaines fêtes de la Saint-Jean tournent mal, sur des plaines d'Abraham envahies par des cohortes de vandales venus de Montréal. Sur les ondes d'une station de radio locale, le premier magistrat de la ville a été plutôt direct, en invitant les Montréalais à rester chez eux. "On les aime bien, a-t-il déclaré, excepté le soir de la Saint-Jean". Espérons que les gens de la métropole ne lui en voudront pas pour cette boutade. Mais le maire n'a pas pris de chance et, comme l'an dernier, il a ordonné que la totalité des forces policières soient déployées sur le site des festivités. Aucune vacance et aucun congé ne sera permis aux représentants de la loi ce soir-là. Tous les visiteurs seront systématiquement fouillés et les boissons alcoolisées seront interdites sur les lieux où se dérouleront les célébrations.
Les jeunes ne sont pas dupes. Ils savent qu'ils n'auront pas droit, eux, à la fin de leur expérience sur le marché du travail, aux régimes de pensions faramineux et aux avantages sociaux que les baby boomers se sont payés en pelletant par en avant les déficits des régimes de retraite que la génération suivante devront effacer... Cette nouvelle génération, héritière des abus incroyables de celle qui l'a précédée, n'accepte pas de gaieté de coeur de payer pour les trous qui se retrouvent dans les budgets des gouvernements encore gérés par des boomers. Par exemple, dans les années 1980, on avait trouvé un trou de 500 millions de dollars dans le budget du ministère de l'Éducation du Québec. Jamais n'a-t-on revu la couleur de cet argent disparu mystérieusement... Et ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres, notamment au ministère de la Santé et des Services Sociaux, dont les déficits budgétaires ressemblent à un gouffre sans fond, année après année. Les gouvernements ne parviennent jamais à réduire leurs dépenses comme ils le promettent pourtant souvent lors des élections.
Tôt ou tard, à force de voir les augmentations de taxes et d'impôts vider leurs poches de milliards de dollars supplémentaires, les contribuables vont se lasser et ils vont envahir les rues pour crier qu'ils en ont ras le bol de l'incompétence, de la corruption, des mensonges et des promesses non tenues de ceux qui les gouvernent. La situation n'est pas encore hors contrôle comme en Grèce et dans quelques autres pays européens, mais le chaos qui règnent là-bas peut fort bien se répandre ailleurs...jusqu'ici, si ça continue d'aller comme c'est mené... Le chaos, la désobéissance civile et l'anarchie sont des terreaux fertiles pour l'extrême-droite qui ne cesse de gagner des adeptes en France, en Autriche et dans quelques autres démocracies. Et quand les extrémistes de droite sont en force, la guerre n'est habituellement pas loin...