Nous ne connaîtrons pas avant le mois d'août les statistiques linguistiques officielles du recensement de 2021, mais des études récentes de l'Office Québécois de la Langue Française (OQLF), et de quelques démographes universitaires, indiquent déjà que les Québécois francophones continuent de quitter massivement la ville de Montréal pour s'établir en banlieues, ainsi que dans d'autres régions voisines.
Déjà, les francophones étaient devenus minoritaires à Montréal (49,6 %) d'après le recensement de 2016. Des projections les font descendre à 47,4 % d'ici 2030. Et ces prévisions semblent plutôt optimistes. Il se peut très bien que ce pourcentage soit atteint plus vite, non seulement en raison des flots migratoires négatifs de Montréal, mais à cause du vieillissement de la population francophone; de l'anglicisation de ses jeunes représentants -> les 15-24 ans; et de l'énorme croissance des populations d'immigrants allophones, ces dernières années.
En effet, si la population de la région métropolitaine de Montréal continue de croître (+ 4,6 % entre 2016 et 2021), celle de la ville de Montréal n'a augmenté que de 3,4 % durant la même période. Une croissance essentiellement attribuable aux immigrants puisque, rien qu'au cours des deux dernières années, elle a perdu 84 200 habitants. Si on recule jusqu'en 2016, la métropole a perdu 155 610 personnes, si on calcule la différence entre le nombre d'habitants qui ont quitté Montréal pour d'autres régions, par rapport aux gens des autres régions qui sont venus s'établir dans la cité fondée par Maisonneuve.
Où ces «déserteurs» sont-ils allés ? Surtout dans les Laurentides (+ 40 822 → toujours le total entre 2016 et 2021, avec une augmentations plus marquée à Mirabel); dans Lanaudière (+ 26 608 -> en particulier dans Montcalm et Matawinie); et en Montérégie (+ 35 224 sauf Longueuil qui a eu un flot migratoire négatif de 4 697 habitants). Comme Longueuil, Laval a connu récemment un déclin migratoire (moins 2 261 habitants au cours des deux dernières années).
On estime que 85 % des Montréalais qui ont quitté leur ville depuis 2020 étaient des Québécois de souche canadienne-française. Ça veut dire 71 500 personnes. Le reste, 15 %, étant des Montréalais parlant d'autres langues que le français, ou des francophones venus d'autres pays comme la France, la Belgique, Haïti, etc.
C'est un cercle vicieux. Si les immigrants ont tendance à apprendre davantage le français lorsqu'ils s'établissent à l'extérieur de la métropole, -dans des endroits où le français est de loin la langue dominante et presqu'exclusive-; c'est le contraire à Montréal où ils peuvent opter facilement pour l'anglais, qui y est très répandu, et où ils peuvent très bien vivre sans parler français, comme nous le rappelait d'ailleurs récemment Michael Rousseau, le président unilingue anglais d'Air Canada.
Plus les Québécois francophones quittent la ville de la mairesse Valérie Plante, plus ils laissent la place libre aux allophones et aux anglophones qui ne cessent d'augmenter la population montréalaise et qui ne voient pas la nécessité ou l'utilité d'apprendre le français puisqu'ils sont maintenant majoritaires. On sait aussi que 87 % des quelques 50 000 immigrants qui arrivent au Québec chaque année choisissent de s'installer dans la région de Montréal.
Non seulement le français est de moins en moins parlé à la maison, à Montréal, mais l'anglais est de plus en plus parlé au travail dans cette même ville. On s'en rend compte particulièrement dans les commerces. Même qu'au centre-ville il devient de plus en plus difficile de se faire servir en français, surtout depuis 2010.
Même si on exigeait que les immigrants apprennent le français, s'ils ne le parlent ni à la maison, ni au travail, cela ne servirait à rien. On restera avec le même problème.
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Pendant ce temps, la capitale nationale affiche un bilan migratoire positif depuis 2016 (+ 6 973 personnes soit + 4,1 %) mais comme la population de la ville de Montréal, celle de la ville de Québec a moins augmenté (+ 3,3 %) que celle de sa région. Au point de vue des migrations, la cité de Champlain est même déficitaire de 2 221 habitants au cours des deux dernières années. C'est la seule municipalité de sa région qui est ainsi dans le rouge.
Depuis 2016, dans la région, ce sont surtout les MRC de Portneuf (+ 2 144 habitants); Jacques-Cartier (+ 2 044 personnes) et de la Côte-de-Beaupré (+ 1 826 habitants) qui ont bénéficié de ces échanges de population. Comme c'est le cas pour Montréal, ces transferts de population s'effectuent surtout vers les villes de banlieue, à proximité des grands centres, et non pas tant dans les zones rurales, plus lointaines.
Qu'est-ce qui peut bien expliquer tous ces changements, ces déplacements ? Quels impacts ont-ils sur les politiques de nos gouvernements, sur des phénomènes comme l'étalement urbain, la densification et même sur le réchauffement climatique ? Et ce, toujours dans l'angle de ce blogue, c'est-à-dire la dualité Montréal vs Québec. Nous en reparlerons dans de prochains articles... Libre à vous de commenter !
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