dimanche 10 juillet 2022

EXODE DES QUÉBÉCOIS FRANCOPHONES DE MONTRÉAL : LES RAISONS.


La pandémie de COVID-19 est un fléau mortel et tragique partout dans le monde.  Montréal n'a pas échappé à cette horreur, et sa forte densité a même empiré la contagion du virus.  Mais aussi pénibles qu'aient été ses conséquences et ses répercussions, il y a quand même eu des éléments positifs et révélateurs qui sont ressortis de cette situation sans précédent.

Ainsi, au pire de la crise, lorsque des confinements ont été imposés aux montréalais, un grand nombre de ceux-ci ont fui leur ville.  Pour des raisons de santé, sans doute, mais aussi parce que le télétravail permettait aux citadins de s'éloigner de la métropole pour s'évader vers des banlieues de plus en plus lointaines.  Celles-ci ont d'ailleurs connu une augmentation subite de 7% de leur population, seulement dans la première année du coronavirus.

Souvent, ces «exilés» s'installaient simplement dans le chalet qu'ils possédaient déjà dans ces endroits plus champêtres.  Parfois, ils décidaient même de les convertir en résidence principale.  Ou alors, ils en achetaient.  C'était même la folie pour ce genre d'habitation; ce qui a créé une pénurie et une augmentation notable des prix, tant à l'achat qu'à la location de ces résidences secondaires.



Imaginez un peu !  Pour ces migrants, finie l'affreuse congestion du centre-ville de Montréal (dont la population a baissé de 3,1%, de 2020 à 2021).  Finis les embarras infinis et les immenses pertes de temps causés par la circulation cahoteuse à travers des forêts de cônes oranges !  Bonjour la verdure, l'air moins pollué et les plus grands espaces !  Le paradis quoi !

Face à cet exode de près de 50 000 personnes, surtout le fait des Québécois francophones de Montréal, la mairesse Valérie Plante, questionnée à ce sujet, se disait convaincue que tous ces gens reviendraient au bercail de la métropole, une fois la pandémie terminée.

C'est loin d'être certain.  Partout au pays, et même ailleurs dans le monde, les étudiants et les gens occupant un emploi qui le permet, veulent garder la possibilité de s'éduquer ou de travailler de chez eux.  Ou, à tout le moins, ces nouveaux télétravailleurs exigent une formule hybride, du genre : trois jours de labeur à la maison; et deux jours en ville, à l'école, ou au bureau, où ils étudiaient ou travaillaient à temps plein, avant la pandémie.

VALÉRIE  PLANTE

Le télétravail est même devenu un argument pour les opposants au 3e lien à Québec.  Puisque ce phénomène est appelé à prendre de plus en plus d'ampleur avec les transformations technologiques et sociales, ils prétendent que moins de véhicules vont se retrouver sur les routes, et que cela va résoudre les problèmes de circulation dans la grande région de la Capitale Nationale.

Si la pandémie a causé un vide dans la cité de Maisonneuve, avec tous ces francophones québécois qui l'ont quittée, c'est que, d'un autre côté, les restrictions limitant ou restreignant l'immigration ont empêché celle-ci de compenser les pertes habituelles de population causées par le bilan négatif des échanges migratoires inter-régionaux défavorisant Montréal.

Même si le premier ministre François Legault nie l'existence d'une crise du logement au Québec, surtout à Montréal, les statistiques ne lui donnent pas raison.  Montréal n'est pas Toronto ou Vancouver, mais son centre-ville est le 3e plus gros au Canada.  Et l'inflation galopante, qui a sévi à Vancouver et à Toronto, provoquant une explosion du coût du logement, a commencé à rattraper la ville de la mairesse Plante.  

C'est fort probablement une des causes de l'exode des familles de Montréal vers les banlieues et les autres régions, là où le prix des logements est plus abordable.



Parmi les autres facteurs négatifs plombant la qualité de vie dans l'ancienne Ville-Marie, il y a l'insécurité provoquée par les gangs de rues.  Ces criminels armés tuent de plus en plus de citoyens innocents, victimes de balles perdues ou d'erreurs sur la personne.  Dans certains quartiers «chauds», des parents craignent même pour la vie de leurs enfants et disent vouloir quitter la ville.

Est-ce que la surreprésentation des Québécois francophones parmi les «exilés» qui ont déserté la métropole est due à leur sensation de ne plus être chez eux à Montréal ?  C'est rendu que la prédominance de l'anglais, - dans une ville où les francophones sont minoritaires depuis une dizaine d'années, et où il devient de plus en plus difficile d'être servi en français dans un nombre grandissant de commerces -, doit être considérée comme un incitatif dans la décision de beaucoup de Québécois «de souche» de dire «bye bye» à leurs concitoyens anglophones...

Contrairement à leurs compatriotes de Québec qui, eux, réussissent à conserver et à préserver leurs précieux espaces verts, les montréalais voient les leurs se réduire comme une peau de chagrin.  Avec les changements climatiques qui affectent de plus en plus notre planète, la perte des arbres et de la végétation, - au profit de l'asphalte, du ciment et de la pollution des grandes villes -, compte aussi parmi les désagréments qui causent le déclin de la qualité de vie de Montréal et son désaveu par une partie de sa population.    

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