L'humanité a bien évolué depuis le moyen-âge. Mais dans certains coins de la planète, beaucoup d'humains tentent encore de survivre, comme à l'époque des barbares. Dans ces endroits où la cruauté de la loi du plus fort prédomine toujours, le leitmotiv quotidien, pour le commun des mortels, c'est : «sauve qui peut». Même dans nos sociétés occidentales, dites développées et modernes, le système politique démocratique, qui nous prémunit contre le triste sort des victimes vivant dans des «républiques de bananes», connaît parfois des ratés ou des dérapages, qui nous font entrevoir le sort peu enviable qui nous attend si nous ne sommes pas assez vigilants et bons gardiens de nos institutions représentatives.
Dans cet ordre de pensée, au moment de faire le bilan de l’année 2014 qui s'achève, une image me revient sans cesse à l'esprit lorsque je me rappelle les événements qui ont marqué récemment l'histoire de Mourial. Cette image est à la fois triste et loufoque mais bien caractéristique de la métropauvre québécoise. Je me souviens de cette journée du 18 août quand 200 manifestants, surtout des cols bleus et des pompiers de Moronréal, ont envahi l'hôtel de ville et vandalisé la salle du conseil municipal, sous le regard impuissant du maire Denis «codinde» Coderre. Comme c'est toujours le cas depuis la nuit des temps, quand ça va mal, ou quand il est menacé, un chef politique compte sur la force de son armée ou de sa police pour se sortir d'embarras. Hors, cette journée-là, les policiers municipaux ne sont pas intervenus pour protéger l'infortuné Denis, sur qui pleuvaient des verres d’eau et des milliers de pages de la convention collective que ses employés estimaient avoir été violée par le maire et son administration, notamment au chapitre du respect des ententes signées pour garantir les régimes de retraite.
Que c'était drôle de voir le pauvre Coderre faire du sang de punaise et manger son mors de bride pendant que son "palais" était assiégé par une horde d'individus sans scrupule. Dans cette atmosphère d'anarchie et de révolution, la beauté et le décorum de la salle du conseil prenaient des allures de club de nuit sordide, quand la bataille se déclenche entre ivrognes pitoyables. Au milieu de ce désordre et de cette pagaille, avec ses quatre fesses (celles de son gros postérieur et celles qui lui servent de joues), son triple menton, son visage à deux faces (comme ceux de tous les politiciens) et sa gigantesque panse de cheval, Denis ressemblait à un prince déchu, dépouillé du moindre pouvoir : un prince NU. Pendant ce temps, les chefs syndicaux, eux (photo ci-dessous), riaient et faisaient la fête, même si, le lendemain, après la tempête, ils juraient n'avoir transmis aucun mot d'ordre pour provoquer ce «malencontreux» dérapage.
Puisque, il n'y avait eu aucune arrestation lors de ce blitz syndical, au cours duquel trois agents de sécurité ont été blessés, des bombes fumigènes lancées aux abords de l'hôtel de ville, et des locaux de l'édifice saccagés, on a conclu que la police avait été complice des manifestants dans cette affaire entachant encore honteusement la méprisable réputation de MortYial. Une suite logique après les émeutes reliées au club de hockey du Cacanadien et la violence des manifestations étudiantes du printemps érable, il y a quelques années. Ouais, les Mourialaids, c'est pas du monde comme les autres... C'est pas du monde...point ! Lors de l'assaut des syndiqués municipaux contre l'hôtel de ville, c'était étrange de voir tous ces écervelés se déchaîner ou examiner curieusement des objets de la salle du conseil. Ils semblaient sortis tout droit de la planète des singes.
Ahhhh... quelques mois plus tard, le rapport sur les causes de ce gâchis a plutôt établi que c'est un manque de prévoyance et d’organisation, et non une connivence entre policiers et syndicats, qui explique comment on en est arrivé là. Autrement dit, les dirigeants du service de police de Montréal ont été incompétents au lieu d'être criminels. C’est peut-être moins grave mais ce n'est pas très rassurant pour la population de la ville ou ses dirigeants politiques... De telles bavures policières sont devenues la norme à Moronréal.
Ce n'est pas pour rien que ces employés municipaux mécontents ont osé salir la maison du peuple de la métro pauvre et qu'ils ont même eu le culot de pourchasser le gros Coderre près de son bureau, après avoir cassé des vitres et coupé l’air climatisé. Ce genre de démonstrations de force a souvent rapporté gros aux syndiqués. En brassant la cabane et en faisant les fous, en 2012, les étudiants ont fait reculer le gouvernement provincial au sujet de l'augmentation des frais de scolarité. Combien de fois, dans le secteur privé, des grèves du zèle, ou même des grèves illégales, ont fini par faire plier des employeurs, aussi importants et imposants soient-ils ? Je ne suis pas contre les syndicats. Sans leur présence, les patrons abusent trop souvent de leur force pour intimider et exploiter leur main-d'oeuvre. Il faut qu'il y ait un équilibre des forces dans la société.
Le problème c'est que les employés municipaux sont les enfants gâtés du système. Sans compter leurs avantages sociaux ultra généreux, leur rémunération globale est 38% supérieure à celle des fonctionnaires provinciaux, 17% plus importante que celle des syndiqués du secteur privé, et 47% plus élevée que celle des salariés non syndiqués du privé. Pendant qu'une majorité de Québécois n'a même pas de régime de retraite, celui de ces privilégiés leur assure un revenu pouvant culminer à plus de $ 50 000 par année, quand ils ne seront plus au service de leurs concitoyens. Mais, qui blâmer pour ces inégalités ? Comme ils le rappellent, avec raison, ces gens bien traitées n’ont pas volé leurs acquis. Ceux-ci leur ont été accordés après des négociations en bonnes et dues formes. Souvent par des politiciens qui voulaient acheter la paix et prendre une bonne option sur leur réélection. Essayez d'enlever les bonbons que vous avez donnés à des enfants, vous verrez comment ils vont réagir !
Quand ils crient au vol, en particulier contre les maires de Montréal et de Québec, ces employés municipaux n’ont pas tort, même si leurs moyens de pression brutaux leur a mis à dos les payeurs de taxes. Si leurs régimes de retraite sont autant déficitaires, c'est parce que les dirigeants de certaines municipalités ont pigé dedans pour colmater les trous béants de leurs budgets, résultant de leur mauvaise administration et de leurs folles promesses pour se faire élire. La loi 3 qui impose l'obligation que ces déficits soient comblés à part égale par les municipalités et leurs employés, est elle-même le fruit d’un nouveau rapport de force entre le gouvernement provincial et la nouvelle alliance Québec-Montréal. Car, ô surprise, au lieu de continuer leurs querelles traditionnelles, les maires de la métropole et de la vieille capitale ont plutôt décidé de s’unir -l’union fait la force- pour changer, en leur faveur, le rapport de force avec le gouvernement Couillard et son ministre des Affaires Municipales. La loi 3 est née de cette nouvelle réalité. Et le pouvoir politique, malgré la pression du pouvoir syndical, n’a pas cédé, cette fois. La partie n'est pas terminée pour autant. Les syndicats tenteront de se servir du pouvoir judiciaire pour renverser la loi 3.
Ceci dit, est-ce que ce genre de débordements, vus en août à Mourial, auraient pu se produire à Québec ou dans d’autres municipalités québécoises ? On peut en douter. Ailleurs, en province, les gens sont plus civilisées et moins arrogants que les morons de la ville de Coderre. Il faut dire, à leur décharge, que l'incurie et la folie des grandeurs de leurs dirigeants y sont pour quelque chose dans leur colère ou leur ridicule sentiment de supériorité. Et, ces têtes enflées de la grande île du sud de la province, ont beau rire des radios poubelles de Québec, ces radios d’opinions, plus nombreuses et plus allumées que celles de leur ville, permettent à des intervenants et à la population locale de s’exprimer et de dénoncer des situations qui peuvent entraîner des niaiseries comme celles qui font de Montréal la honte du Québec.
Chapeau tout de même à Denis Coderre. Alors que son mollasson de prédécesseur aurait eu peur des manifestants et aurait plié devant eux, Denis s'est tenu debout, même s'il a mal paru sur le coup, quand il a été trahi par sa police. Les sanctions -y compris des congédiements- qu'il a imposées aux malfaiteurs qui ont vandalisé l'hôtel de ville, et aux autorités irresponsables qui les ont laissé faire, auront peut-être pour effet de prévenir de pareilles situations dans l'avenir. Coderre a le mérite de ne pas s'être laissé intimider par des extrémistes mal élevés. Il a également mis ses culottes pour faire en sorte que sa police ne commette plus ce type d'impair. C'est un pas dans la bonne direction s'il espère se faire respecter. Cependant, la partie est loin d'être gagnée. Sa ville est dans un trou très profond, un abysse duquel il sera très difficile de la tirer.
Comme l'enseignait jadis le bon vieux Machiavel : pour gouverner longtemps, un prince doit se faire aimer de ses sujets (ou, du moins, avoir l'opinion publique de son bord) et il doit aussi se faire craindre d'eux. Ne lâche pas Denis !
1 commentaire:
Ce ne serait jamais arrivé à Québec?
J'ai beau être un ancien Nords, les sauvages qui envahissent le Peps lors des matchs du Rouge et Or, et que dire du sommet du G-20, il y a quelques années?
Pas sur...
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